Vous êtes-vous déjà posé cette question : J’ai envie d’obtenir un grade ou j’ai besoin de progresser.
L’envie est éphémère et ne nécessite pas de stratégie, elle répond dans ce cas davantage à l’obtension d’une récompense (motivation extrinsèque) qu’à la volonté d’accomplissement (motivation intrinsèque) suscitée par le besoin qui lui, appelle un plan d’action.
Quand « passable » n’est pas suffisant
Pour obtenir un grade de la ceinture jaune à la ceinture noire, vous n’avez pas besoin d’être un « expert » du niveau requis. Vous avez juste besoin d’être « passable ». Vous êtes heureux au niveau que vous avez atteint. Votre envie est satisfaite.
Voici une chose importante à savoir : améliorer ses compétences au-delà de chaque niveau demande un vrai travail. Vous n’allez pas devenir un « expert » ceinture noire par accident. Vous allez juste être… OK.
La définition de « passable », c’est le niveau de performance que les gens, dans leur majorité, seraient contents d’atteindre, mais pas de dépasser. Et c’est presque toujours en deçà de ce dont ils seraient capables.
Maintenant, il n’y a rien de négatif à être « passable ». À moins que vous vouliez en effet devenir encore meilleur. Et c’est là que la « pratique délibérée » fait son entrée car elle répond à votre besoin.
La pratique délibérée est une stratégie d’apprentissage où l’apprenant s’engage à suivre un exercice d’entraînement planifié et répété, dans une logique de progression, avec un objectif bien défini. Après chacune de ces répétions, cet apprenant reçoit une forme de rétroaction suite à l’analyse de sa performance, et tente alors de corriger les aspects qui nuisent à l’atteinte de l’objectif fixé. Cette rétroaction peut être personnelle, ou provenir d’une source externe. Cet enchaînement se poursuit jusqu’à l’atteinte du but (Ambrose, S. A. et al., 2010; Ericsson, 2016).
La « pratique délibérée »
Quand vous faites quelque chose encore et encore, vous allez vous améliorer, mais jusqu’à un certain point. Au-delà, pratiquer plus ne vous aidera pas. Pensez à tous ces gens qui sont nuls au volant, alors qu’ils conduisent depuis des années. Pour devenir meilleur votre pratique doit être « délibérée ». C’est à dire, avoir un objectif et un feedback.
Dans une salle, c’est la différence entre enfiler les répétitions et les exercices et, faire attention à la position du corps. Et pour un coach, c’est la différence entre dire à quelqu’un : « travail plus fort ! » et, pointer un élément spécifique sur lequel se concentrer.
Et quand j’obtiens mon grade,
Devenir mauvais pour devenir meilleur
La pratique délibérée cache tout de même un piège. Vous devez vous autoriser à être nul pendant quelque temps. Parce que pour aller au-delà du niveau du grade obtenu, vous devez « redescendre » jusqu’au niveau où vos actions redeviennent conscientes. En d’autres termes, le niveau où vous n’êtes plus « passable ».
Beaucoup de gens ont du mal avec ça. Ils ont déjà une certaine connaissance par rapport à l’entraînement, alors c’est difficile de régresser. Ils protestent. « Je suis déjà assez bon. Donnez-moi quelque chose de plus avancé ».
Pratique délibérée : développer « les automatismes »
Le « délibéré » de la « pratique délibérée » est essentiel. Pour s’améliorer, il faut :
- Faire attention à ce que l’on fait (concentration ciblée)
- Savoir pourquoi on le fait (donner du sens)
- Être sûr qu’on le fait bien (évaluation)
Nos actions ne doivent pas être aléatoires. On n’apprend que quand on essaie de faire quelque chose de spécifique, puis étudie le résultat avant de recommencer. De cette manière, on apprend bien et vite.
Les blocs du développement de compétences
En termes de mouvement, on construit des mouvements complexes à partir d’éléments beaucoup plus simples. Mais ils sont tous connectés au sein d’un même ensemble. Quand vous apprenez un sport, vous pouvez travailler chaque bloc individuel séparément et choisir vos cibles attentionnelles :
- Travail des membres supérieurs
- Travail des membres inférieures
- Déplacement
- Rotation du bassin
- etc
Au début, vous êtes maladroit. Votre attention se perd entre la position de vos pieds, de vos hanches, de vos mains, de votre tête, de vos yeux et même de l’environnement… Tout en se familiarisant avec les sensations que chacun des éléments procure. Avec la pratique, tout cela devient automatique. Votre attention se libère pour ajouter encore d’autres pièces au puzzle comme par exemple placer sa respiration.
Et en situation,
En général, le stress détériore notre performance.
Les passages de grades sont l’occasion d’introduire le stress dans votre pratique, mais de manière graduelle et uniquement à un degré que vous êtes capable de gérer. Cela vous aidera d’affronter des situations de plus en plus difficiles.
En l’occurrence, vous pouvez d’abord apprendre quelque chose dans un environnement « zéro stress ». Ensuite, à l’entraînement mettez-vous vous-même en situation d’examen, faites-le au milieu des autres pratiquants, vous travaillerez en même temps la concentration.
Vous devez être concentré sur votre tâche, mais toujours en mesure de l’exécuter.
Vous devez convaincre votre corps et votre esprit qu’un peu de stress, ce n’est pas grand-chose. Le stress est l’affaire de 2 évaluations personnelles de la menace de ses besoins et de ses capacités à face. Ce travail en situation stressante est efficace uniquement à condition qu’on commence par maîtriser la compétence en question dans un environnement sans stress. Chaque session de pratique, chaque essai devrait être un succès.
Traduction : il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Soyez réaliste en évaluant votre niveau actuel. Décidez quel sera le niveau suivant de stress approprié et allez-y.
L’importance des fondamentaux
Disons que vous êtes « passable » avec la compétence basique. Cela libère votre cerveau pour essayer de nouvelles choses. Et ça peut devenir un problème. Si vous êtes juste « passable » pour passer un grade, vous serez très tenté de passer au suivant.
Les gens qui refusent d’apprendre les fondamentaux parce que « c’est ennuyeux » se retrouvent perdus quand leur routine change ou quand le stress de la vie quotidienne les frappe.
Demandez-vous : à quel point vos bases sont-elles solides ? Vos compétences « passables », pourraient-elles être encore meilleures ?
Ainsi, vous savez que pour devenir un expert il faut ignorer la tentation de paraître un expert. Au contraire, il faut chercher à paraître et à se sentir comme un débutant. C’est en cultivant cette condition de débutant qu’on devient un « maître ».
« Pratique délibérée » : la marche à suivre
Le rôle primordial du coach
Pour mettre en place une pratique délibérée, vous devez :
- Donner du sens à ce que vous faites et trouver votre objectif
- Identifier la compétence qui vous permettra d’y arriver
- Décomposer cette compétence en éléments plus simples
- Comprendre la gestion du stress
- Évaluer la performance sur chaque élément
- Au besoin, apporter des modifications
C’est un défi très sérieux. Il est d’autant plus difficile à relever quand on est tout seul. C’est pourquoi même les plus grands coaches demandent de l’aide pour être coachés eux-mêmes.